Le cerveau droit joue, quantitativement, le plus grand rôle dans les échanges non-verbaux. Il analyse leur émission, les réceptionne et interprète.
Le cerveau gauche, les deux cortex étant liés et reliés, n’est pas complétement exclu de ces échanges. Le langage gestuel utilisé par les sourds-muets est commandé par le cerveau gauche, compris et conceptualisé par lui.
Que se passerait-il si vous êtes toujours franc.che et sincère avec votre entourage ? Si vous disiez à celles et ceux qui vous entourent les mots exacts qui vous passent par la tête ?
Quand une femme vous demande « Est-ce que cette robe me grossit ? », que répondez-vous ? Si vous êtes un homme ou femme prudent.e, vous lui direz que cette robe lui va à ravir, alors que vous penserez peut-être : « Ce n’est pas la robe qui te grossit, ce sont tous les gâteaux et les glaces que tu manges ».
Comment font les hommes et les femmes politiques, les avocats.tes, les acteurs.trices ou les animateurs.trices télé à nous faire avaler n’importe quoi ?
Certes, il est des mensonges nécessaires, qui sont ceux qui huilent les rouages de nos rapports avec les autres, et qui nous permettent d’entretenir avec eux des relations harmonieuses ou amicales.
Comment détecter les mensonges, non à partir de ce qu’on nous dit, mais à partir de ce qu’est le plus fiable, à savoir les gestes et les signaux que l’interlouteur.trice émet automatiquement ?
Il est important de savoir que ces gestes et signaux ont plus de chance d’apparaître au moment même du mensonge et sont chargés d’une grande force émotionnelle.
« La meilleure politique est de toujours dire la vérité, sauf si vous êtes un.e menteur.teuse exceptionnellement doué.e »
La politique de l’autruche
« Je n’entends rien, je ne vois rien, je ne dis rien », disent chacun des malins petits singes qui symbolisent un vieux dicton chinois. Ne pas entendre le mal, ne pas le voir et ne pas le dire, pour qu’il nous épargne.
Les gestes enfantins de la main sur le visage sont les gestes élémentaires de la tromperie. Les enfants se couvrent la bouche quand ils mentent. Lorsqu’ils ne veulent pas entendre les réprimandes de leurs parents, ils se couvrent les oreilles.
Chez les adultes, ces gestes sont plus furtifs et moins évidents : on y recourt quand on ment, ou qu’on cache la vérité, ou qu’on est témoin d’une tromperie. Quand on apprend une affreuse nouvelle on se couvre parfois le visage de deux mains, en geste symbolique de refus d’entendre
Lors d’un jeu organisé pour une étude sur la gestuelle, Desmond Morris avait demandé à un certain nombre d’infirmières de mentir à leurs patients sur leur santé. Celles qui mentaient ont porté leurs mains à leur visage plus souvent que les autres.
Toutefois, ce n’est pas parce qu’une personne porte la main sur le visage qu’elle est forcément en train de mentir. Cela peut aussi indiquer qu’elle cache une information. Cela est observable à partir d’autres gestes qui les accompagnent et des postures globales.
Le visage est le livre ouvert de nos émotions de nos états d’esprit. Le sourire, les clignements d’yeux, un hochement de tête, sont autant d’entreprises de dissimulation.
Lorsque quelqu’un essaie de masquer un mensonge, ou quand une idée lui passe par la tête, un message fugitif se lit souvent sur son visage. Lorsque le corps émet des signaux contradictoires, on éprouve une nette impression que nous n’entendons pas ma vérité.
La plupart des gens croient que les menteurs ont tendance à multiplier les sourires. Les recherches ont prouvé le contraire – ils sourient moins que l’ordinaire.
Les menteurs.teuses professionnels.elles comme les hommes et les femmes politiques, les avocats.tes, les acteurs.trices ou les animateurs.trices télé ont tellement peaufiné leur gestuelle, qu’il est parfois difficile de déceler leur mensonge. Alors comment arrivent-ils à nous faire avaler n’importe quoi ?
Ils existent deux méthodes : la première consiste à s’entraîner aux gestes qui « respirent » la sincérité – ce qui exige une longue pratique – et à roder sur un grand nombre de mensonges. La deuxième technique suppose une réduction des gestes et donc de l’émission de signaux négatifs – retenue qui n’est pas non plus d’une maîtrise aisée.
Mais même si les mouvements de notre corps sont consciemment réprimés, nous ne pourrons empêcher la transmission des microsignaux du mensonge : légère contraction des muscles faciaux, dilatation et contraction des pupilles, transpiration, rougissement, clignements des yeux – qui peuvent passer de dix à cinquante par minutes.
Voici donc une liste des gestes courants des menteurs et des menteuses que vous pouvez aisément déceler!
Les huit gestes courants du/de la menteur.se
- La main sur la bouche
C’est le cerveau subconscient qui poussa la main à couvrir la bouche, comme pour l’empêcher de prononcer les mots trompeurs. Qu’il ne s’agisse de quelques doigts ou du poing fermé, la signification est la même. Certains essaient de masquer ce réflexe en toussant.
Si votre interlouteur.trice recourt à ce geste en parlant, cela peut indiquer qu’il / elle ment. S’il /elle se couvre la bouche pendant que vous parlez, il / elle pense peut-être que c’est vous qui mentez, ou que vous lui cachez quelque chose.
Le geste de la main sur la bouche peut apparaître aussi inoffensif que le signe « Chut ! », fréquemment utilisé par les parents pour faire taire les enfants, où l’index se place devant la bouche à la verticale. Dans une conversation en face à face, ce geste signifie l’interdiction d’exprimer ce qu’on ressent. C’est le signal d’alerte que son auteur cache quelque chose.
- La main sur le nez
Ce geste peut se décomposer en plusieurs contacts furtifs. Ceux des femmes sont plus courts et plus rapides que ceux des hommes – peut-être parce qu’elles ne veulent pas abîmer leur maquillage.
Il ne faut pas oublier que le sujet peut tout simplement être enrhumé ou victime d’une allergie. Les autocontacts sur le nez ne signalent le mensonge ou la tromperie que s’ils s’inscrivent dans un ensemble de gestes cohérents, et que la situation se prête à cette interprétation.
- Le nez qui démange
Quand on se gratte ou se frotte le nez pour soulager une démangeaison, on le fait avec beaucoup plus de fermenté que l’attouchement furtif de quelqu’un qui ment. Si ce geste vient de celui qui écoute, cela peut indiquer qu’il met en doute la véracité des propos de celui qui parle.
- Le frottement des yeux
Un enfant se cache les yeux des deux mains quand il refuse de regarder ce qu’il trouve désagréable. Dans la même situation l’adulte se frotte les yeux. Le frottement des yeux révèle que le cerveau tente de bloquer une image trompeuse, douteuse ou déplaisante, ou à la vue de la personne qui est en train de mentir.
Les hommes ont tendance à se frotter énergiquement les paupières supérieures et, si leur mensonge est particulièrement grossier, ils détournent carrément le regard. Les femmes préfèrent en général caresser leurs paupières inférieures sans fermer l’œil.
- La main sur l’oreille
Par exemple, lorsque vous dites à quelqu’un « Cela ne coûte que trois cent euros » et qu’on vous réponde « Cela m’a l’air d’être une bonne affaire » en détourant les yeux et en portant la main à l’oreille, c’est le symbole typique du « Je n’entends rien », ou la main tire sur le lobe de l’oreille ou la recouvre complètement, comme pour empêcher les mots trompeurs d’y pénétrer.
- Le grattement du cou
C’est habituellement l’index droit – celui de la main qui écrit – qui gratte le cou sous le lobe de l’oreille. Ce geste est répété en moyenne cinq fois. Il est un signal de doute, d’incertitude et est caractéristique de la personne qui pense « Je ne suis pas sûr.e d’être d’accord ». Lorsque quelqu’un vous dit qu’il est d’accord avec vous et se gratte le cou, cela signifie l’inverse.
- Écarter son col
Desmond Morris a été le premier à découvrir que le mensonge provoque une sensation de picotement dans les tissus délicats de la peau du visage et du cou, qu’on éprouve le besoin de frotter. Ce geste relève le malaise du /de la menteur.teuse qui craint d’avoir été démasqué.e. La montée de la tension artérielle entraîne une transpiration au niveau du cou du /de la menteur.teuse qui devine qu’on ne le croit pas.
- Les doigts sur la bouche
Tentative inconsciente de retrouver la sécurité du bébé qui tète sa mère, ce geste apparaît fréquemment chez les personnes tendues qui cherchent à se réconforter. L’adulte met les doigts sur la bouche, fume, caresse ses lèvres, mâche un chewing-gum, suce son stylo ou ses lunettes.
La plupart des gestes de la main sur la bouche sont associés au mensonges ou à l’hypocrisie.
Cet article a été réalisé grâce aux travaux de Despond Morris et à l’ouvrage d’Allan et Barbara Pease.